MANUEL GODOY
Né le 12 mai 1767 dans la rue Santa Lucía à Badajoz dans une famille noble mais pauvre, Godoy commença son éducation à la maison avec le prête Francisco Ortega pour après continuer ses études dans le maintenant disparu séminaire de San Atón.
En 1784, Godoy partit à Madrid pour s'engager dans les Gardes du Corps royaux. Un jour d’escorte, son cheval le jeta au sol mais il remonta aussitôt, attirant ainsi l’attention de la reine; à partir de ce moment-là sa carrière devint fulgurante.
En 1792, Charles IV d’Espagne nomma Godoy au poste de secrétaire d'État (chef du gouvernement), en remplacement du comte d’Aranda mais les grandes difficultés du moment historique (Révolution Française, guerres contre Napoléon, conflit avec la Grande Bretagne …). rendirent le travail du Premier ministre très compliqué
Après le triomphe de la Révolution Française, l’Espagne déclara la guerre à la France (Guerre du Roussillon ou de la Convention), conflit qui se termina par une énorme défaite espagnole et la signature du Traité de Bâle en 1795 dont les négociations menées par Godoy lui valurent la concession du titre de Prince de la Paix. Avec la postérieure alliance entre l’Espagne et la France (Traité de San Ildefonso) un nouveau conflit éclata entre l’Espagne et le Royaume Uni mais une nouvelle défaite espagnole entraîna la chute du favori (1798). Nommé Président du Cabinet en 1798, son éloignement du pouvoir dura tres peu. Pendant cette période, la Guerre des Oranges opposa le Portugal et l’Espagne. A sa fin, la signature du Traité de Badajoz permetta á l’Espagne de récupérer Olivenza et ses hameaux et établit le cours naturel de la Guadiana comme frontière entre les deux pays.
Peu à peu, la position du chancelier s’affaiblit, en particulier par son affrontement au prince héritier Ferdinand. Les partisans du futur roi Ferdinand VII contribuèrent largement à la création d’une légende noire autour de Godoy, présenté comme responsable de tous les malheurs du pays et dont le seul mérite semblait être sa liaison sentimentale avec la reine.
En 1807, Godoy et Napoléon Ier signèrent le Traité de Fontainebleau, qui autorisait le passage des troupes française par le territoire espagnol afin d’envahir le Portugal. Une fois ce pays conquis, il serait divisé en trois zones, dont le sud reviendrait à Godoy comme principat des Algarves. Cependant, après l’invasion du Portugal, l’armée française occupa les principales villes espagnoles déclenchant la Guerre de l’Indépendance . Le respect du traité signé ne faisait pas partie des desseins de l’empereur français, qui avait décidé d’occuper l’Espagne et de détrôner les Bourbons. Quand Godoy découvrit les vraies intentions de Napoléon, il essaya d’empêcher l’entrée de nouvelles troupes françaises dans le territoire espagnol ainsi que de sauver la famille royale mais son manque de popularité croissant, les partisans de Ferdinand VII décidèrent de donner le coup final. Le 17 mars 1808, lors d’une révolte populaire connue comme le Motín de Aranjuez, Godoy fut arrêté, dépossédé de ses titres de Généralissime et d’Amiral et tous ses biens furent confisqués.
Libéré par les Français, Godoy et les rois quittèrent le territoire espagnol pour la France, qu’ils abandonnèrent en 1812 pour s’installer à Rome. En 1832, le Prince de la Paix s’établit à Paris où il mourut en 1851. Il consacra les dernières années de sa vie à la rédaction de ses mémoires afin de justifier ses décisions politiques mais pour obtenir des moyens lui permettant de vivre aussi.
Godoy et Badajoz entretinrent une excellente relation et sa ville natale lui resta toujours reconnaissante. En 1803, quand les propriétaires du Palais Rocha apprirent que le Chancelier désirait une maison à Badajoz, offrirent l’immeuble à la municipalité pour sa construction. Mais les cadeaux de la ville à son habitant le plus illustre se succédèrent. Ainsi, à l’occasion de sa nomination en tant qu’amiral, la municipalité organisa des célébrations et l’érection d’une statue en son honneur (séance municipale du 26 janvier 1807). De même, quand Godoy sollicita un terrain pour se faire construire un palais, la municipalité n’hésita pas à lui proposer les meilleurs endroits : l’Alcazaba, les terrains de San Francisco ou ceux de Santo Domingo. Pourtant, aucun voyage à Badajoz du premier ministre n’a été enregistré entre 1807 (année où la municipalité accorde la construction) et mars 1809 ( date où Godoy fut déposé) , ce qui fait penser qu’il ne profita jamais du don donné par sa ville natale.
Tout au long de l’histoire, aucun pacense n’a eu autant de pouvoir que Godoy. Après sa chute, il fut dénigré et rendu coupable de presque tout mais à l’heure actuelle, les historiens commencent à évaluer et à mettre en valeur sa personnalité et ses actions. Godoy vécut dans une conjoncture internationale très compliquée mais sa loyauté envers les rois est indiscutable et son dévouement pour le travail incontestable. Il créa de nombreux établissements scolaires, des manufacture, des routes, encouragea le développement de l’enseignement primaire et essaya aussi une première confiscation de certains des biens de l’Eglise.
Maison de la rue Santa Lucia où est né Godoy